Film réalisé par Matthieu Bareyre

Vendredi 20 Juin 2025 à 20h au cinéma L’Entrepôt
7, rue Francis de Pressensé, 75014, Métro Pernety

Le débat sera animé par Akouvi-Aline Namessi et Cassandre Surinon, psychologues cliniciennes

Résumé et présentation
Matthieu Bareyre rencontre Rose-Marie Ayoko Folly sur la Place de la République pendant le mouvement Nuit debout alors qu’il tourne son documentaire « L’époque » (2018) : « On se voyait souvent, il y avait une immense complicité entre nous et une alchimie cinématographique. Et puis, un jour, Rose a brutalement disparu. Je l’ai cherchée partout et j’ai mis plusieurs jours à comprendre qu’elle avait été internée. Le « Journal d’une femme Nwar » trouve son origine exactement là, le jour où, en mai 2016, je lui rends visite pour la première fois à l’hôpital psychiatrique de Saint-Maurice. (…) Ça a été un tel choc de découvrir la réalité humaine de l’hôpital et le changement d’état spectaculaire de Rose dû à la médicamentation que j’ai eu envie, sans doute avec beaucoup naïveté, de faire un second film avec elle pour la sortir de là ; pour lui signifier qu’elle n’était pas juste une personne enfermée dans ce lieu que je trouvais si terrible. »
Elsa Charbit : « Le film propose une forme d’examen de « conscience » à tous les sens du terme, en faisant dialoguer la question psychiatrique et la question politique, à travers le racisme et la violence institutionnelle notamment ? »
Matthieu Bareyre : « Ce dialogue-là n’est pas quelque chose de conscient, je pense que c’est indissociablement lié dans la vie de n’importe qui mais, chez Rose, ça l’est particulièrement parce qu’elle le met en tension. C’est ce qui ressortait lorsqu’elle était en crise et je sentais bien que ça n’avait rien d’anodin : elle ne s’en prenait pas à des personnes qu’elle connaissait, elle s’en prenait à l’histoire coloniale comme à des personnalités politiques de premier ordre. Il y avait une souffrance qui s’exprimait et cette souffrance était de nature politique. La seule chose qui était dans mon pouvoir, c’était de lui proposer un moyen de l’exprimer mais en dehors de l’état de crise : une manière de ressaisir quelque chose pour en sortir, le dire pour ne plus jamais le dire. Rose explique très bien dans le film qu’elle ne veut plus avoir à se justifier parce qu’être constamment amenée à expliquer aux gens pourquoi on souffre d’une situation est objectivement source de souffrance. »

(Extraits de l’interview de Matthieu Bareyre par Elsa Charbit dans le dossier de Presse)